L’inventaire du patrimoine bâti est une mission historique du Parc naturel régional. Dès les années 1970, un premier inventaire du patrimoine bâti est réalisé. Il est bientôt complété par de nombreux inventaires du patrimoine bâti non protégé, c'est-à-dire ni inscrit, ni classé sur la liste des monuments historiques.
Une démarche globale, originale et novatrice
Partant du constat que borner la notion de patrimoine au bâti était réducteur, une nouvelle philosophie d’Inventaires dit croisés est née en 2010.
Elle a pour ambition de dégager une vision globale et vivante du territoire. La spécificité de cette méthodologie, alors expérimentale, est de croiser les regards sur des éléments autrefois cantonnés dans leurs domaines respectifs. Il s’agit ainsi de recenser, étudier, faire connaitre et protéger les éléments relevant du patrimoine bâti, du paysage et de la mémoire orale. En effet, connaître un territoire c’est aussi recenser ses paysages, recueillir le témoignage de pratiques anciennes qui, parfois, imprègnent encore la vie actuelle.
Grâce à cette action, le Parc souhaite mettre en valeur les « trésors cachés » du territoire, c’est-à-dire les éléments patrimoniaux qu’on ne repère pas d’emblée, mais qui, dispersés sur le territoire, constituent la richesse de celui-ci. Il peut s’agir de mares, de vergers, d’alignement d’arbres « têtards », aussi bien que de murs en briques et silex, d’une longère en colombages ou d’une maison de bourg en brique.
Les habitants sont au cœur de ce patrimoine puisque ce sont eux qui détiennent les savoir-faire, les restes et la mémoire de ces éléments de notre quotidien. La collecte de « mémoire orale », qui représente une composante essentielle de ce projet, est désormais étroitement articulée avec le projet d’Ethnothèque, développé autour de la collection d’objets ethnographiques du Parc.
Des partenariats riches
Depuis 2010, le Parc a été reconnu comme partenaire privilégié de la Région Normandie pour exercer la mission d’Inventaire du Patrimoine, devenue compétence régionale depuis les lois de décentralisation de 2004. Ainsi, le Parc mène, par délégation, des Inventaires croisés du patrimoine sur les communes de son périmètre selon une méthodologie d’inventaire nationale dite topographique, tout en apportant deux dimensions propres à ses domaines d’expertise : le recensement des éléments de paysage associés au bâti et la collecte de mémoire orale.
Dans le cadre de ce partenariat technique, scientifique et financier, le Parc contribue à alimenter la plateforme régionale GERTRUDE en créant ou en actualisant des dossiers électroniques d’inventaire.
Connaître le patrimoine c’est commencer à le protéger
Les Inventaires croisés constituent un des axes forts de la politique culturelle du Parc car ils sont des outils efficaces de connaissance du territoire et d’appropriation des habitants de leur propre patrimoine. Ils lui permettent de mener des actions de valorisation et d’inciter les propriétaires à la préservation de ces bâtiments.
Les informations recueillies lors de l’Inventaire croisé sont directement intégrées au Système d’Information Géographique (SIG) du Parc. Élus et acteurs locaux disposent ainsi d’une cartographie exhaustive du patrimoine communal pour mettre en valeur leur territoire et protéger leur patrimoine.
Le Parc travaille également de concert avec les acteurs communaux. Qui connaît mieux le patrimoine d’une commune que ses habitants, ses élus, ses membres d’associations, eux qui le côtoient chaque jour ? Pour mener à bien l’opération d’Inventaire croisé, le Parc invite les habitants, les élus et les acteurs du territoire à partager leurs connaissances de leur commune.
Entre 2010 et 2018, le Parc a mené une première vague d’Inventaires croisés sur plusieurs communes ou groupements de communes de la Seine-Maritime (Yvetot en 2010-2012 ; Petiville, Saint-Maurice-d'Etelan et Norville en 2013-2014 ; Allouville-Bellefosse et Bois-Himont en 2015 ; Caudebec-en-Caux et Saint-Wandrille-Rançon en 2016 ; Le Trait et Yainville en 2017) et de l’Eure (Barneville-sur-Seine, Honguemare-Guenouville et Le Landin en 2018). Au cours de ces différentes opérations, l’Inventaire croisé s’est accompagné de la réalisation d’actions culturelles prenant la forme de spectacles de théâtre, de randonnées patrimoine, d’actions pédagogiques mises en place dans les écoles (rallyes, ateliers audiovisuels...).
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Ces opérations ont abouti à la publication de 7 numéros de la collection « Au fil des patrimoines » et 6 cartes interactives.
L’opération conduite sur la boucle de Brotonne en 2019-2020 a permis de faire la transition entre l’ancienne et la nouvelle formule, en élargissant l’aire d’étude à l’unité paysagère constituée autour du massif de Brotonne.
À partir de 2021, les opérations, désormais programmées sur trois ans, portent sur des aires d’études plus étendues, délimitées en fonction de leur cohérence historique et paysagère.
L’opération, programmée entre 2021 et 2023, est consacrée à l’étude du plateau du Roumois réunissant 10 communes présentant une continuité patrimoniale. Pour mener à bien ce projet, le territoire concerné est découpé en secteurs d’inventaires annuels :
2021 : Hauville, Routot, La Haye-de-Routot
2022 : La Haye-Aubrée, Étreville, Bourneville-Sainte-Croix
2023 : Tocqueville, Trouville-la-Haule, Vieux-Port, Aizier
Cette entreprise de connaissance fine du territoire a pour but de sensibiliser les habitants à la richesse et à la diversité de leur cadre de vie, tout en ouvrant la voie à sa préservation. À l’issue des 3 années d’inventaire, le Parc organisera en lien avec l’Ethnothèque une valorisation de l’opération associant les dix communes de cette frange nord du plateau Roumois, situées en lisière de la foret de Brotonne, ainsi que les trois communes de l’opération 2018 : Barneville-sur-Seine, Honguemare-Guenouville, Le Landin.
D’ores et déjà, un projet se dessine autour des places de marché, notamment des marchés aux bestiaux de Routot et de Bourneville, et des filières locales qui les alimentaient : l’élevage et l’engraissement des bestiaux, l’activité textile autour du lin, la production céréalière et sa transformation (moulins à vent, four à pain), les pépinières d’arbres fruitiers, l’artisanat (sabot, balais, briqueterie et tuilerie...).
Si vous souhaitez contribuer à cette valorisation, n’hésitez pas à contacter Gaëlle Pottier, chargée de mission Inventaires Croisés, pour lui confier vos souvenirs, anecdotes, photographies ou documents...
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