Milieux aquatiques et humides

Le marais Vernier occupe un ancien méandre de la Seine qui s’est retrouvé isolé de l’estuaire et par conséquent, de sa dynamique. C’est ainsi qu’une tourbière a commencé à se former à partir de 5500 ans avant JC. Au XIXe siècle, les travaux d’endiguement de l’estuaire ont profondément modifié la morphologie du marais vernier en éloignant la Seine de plusieurs kilomètres vers le nord. La surface du marais Vernier a alors quasiment doublé avec la création d’un vaste polder (marais littoral endigué et asséché) : le marais alluvionnaire.

On distingue donc deux grandes entités au niveau du marais Vernier :

  • un marais ancien constitué d’une vaste tourbière, localement recouverte par des alluvions et colluvions (dépôts de matériaux et résidus), appelé le marais Vernier tourbeux ;
  • le marais moderne correspondant à un polder formé sur des alluvions (limons et sables), appelé le marais Vernier alluvionnaire.

À l’échelle du globe, on estime que les zones tourbeuses représentent 3% des terres émergées. En France métropolitaine, leur superficie est de l’ordre de 100 000 ha, soit seulement 0,2 % du territoire. Avec ses 1 800 ha et une épaisseur de tourbe variant entre 2 et 6 mètres, le marais Vernier tourbeux est considéré comme l’une des plus importantes tourbières françaises.

Règlement d’eau

Le marais Vernier tourbeux est constitué d’un réseau hydraulique dense :

  • des sources en pied de coteaux alimentent un réseau de fossés qui quadrille et draine les eaux du marais vers la Grand’Mare (plan d’eau d’origine naturelle de 43 ha) ;
  • la Grand’Mare et ses étangs annexes (la Petite Mare, la Crevasse, le Ruel…), situés au point le plus bas où convergent l’ensemble des eaux (sources, pluies, ruissellement…) ;
  • le canal St-Aubin qui fait office d’exutoire (point de sortie) et permet d’évacuer ces eaux vers la Seine.

Deux ouvrages hydrauliques sont installés sur le canal St-Aubin : un clapet anti-retour situé à Quillebeuf-sur-Seine pour empêcher les remontées d’eau de Seine et une vanne de régulation située sur la commune de St-Aubin-sur-Quillebeuf pour maintenir un niveau d’eau stable dans le marais tourbeux. Ces ouvrages appartiennent et sont gérés par l’Association Syndicale Autorisée (ASA) de régulation hydraulique du marais Vernier.

Niveaux d’eau

La gestion des niveaux d’eau du marais est régie par un arrêté préfectoral, qui fixe une cote de gestion au niveau du vannage du canal de Saint-Aubin. Au-dessus de cette cote, le vannage est ouvert, en-dessous il est fermé.

Le comité du règlement d’eau, sous l’égide du sous-préfet, a lancé une expérimentation de rehaussement de la cote de gestion des niveaux d’eau du marais Vernier tourbeux. Dans ce cadre, le Parc s’est engagé à mettre en place un suivi des niveaux d’eau de ce marais. Vous trouverez ci-dessous une application qui présente le marais, son fonctionnement et le projet d’expérimentation. Cette application intègre également un reporting des niveaux d’eau relevés hebdomadairement dans le marais ainsi que l’état de gestion du vannage.

Les mares jouent un rôle primordial dans notre paysage. Ces îlots de biodiversité constituent des relais importants dans le cadre des corridors écologiques des milieux humides et aquatiques. Malheureusement et malgré leurs multiples fonctionnalités, les mares sont restées, à cause de leur taille, à l’écart du regain d’intérêt porté aux zones humides et demeurent méconnues. La disparition des usages traditionnels et l’intensification des pratiques agricoles, qui conduisent à un abandon et à une artificialisation de ces milieux, sont identifiées comme étant les principales causes de la régression de 30 à 50% des mares depuis 1950 (estimation du Ministère de l’Ecologie).

Mare, Routot

Des réseaux de biodiversité non-négligeables

Les mares accueillent un grand nombre d’espèces floristiques et faunistiques et servent de relais pour d’autres, comme pour les oiseaux, mammifères, ou amphibiens. Ces derniers sont indispensables à l’équilibre de la nature. Ils sont des bio-indicateurs, c’est à dire des « organismes sentinelles » qui réagissent précocement aux modifications de l’environnement. Or depuis les années 1980, 9 espèces se sont éteintes, 113 sont en confirmation de disparition et 1856 sont menacées d’extinction dans le monde, soit 32 % des espèces. Les 14 espèces d’amphibiens présentes sur le territoire du Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande sont toutes protégées au niveau national voire au niveau Européen pour certaines. Au regard de ce déclin qui semble se généraliser en tous lieux, le territoire du Parc apparaît comme une zone remarquable. Toutefois cette richesse spécifique reste vulnérable. Dans ce contexte, un recensement et une conservation adaptée aux réseaux de mares est primordial.

Les actions du Parc

Depuis 2017, le Parc a lancé plusieurs campagnes de restauration de réseaux de mares. Ces travaux ont une vocation « pilote » qui vise par la suite à démultiplier ces « bonnes pratiques » sur l’ensemble du territoire, en partenariat avec tous les acteurs locaux. L’intégration de chacun des partenaires ainsi que des propriétaires privés est fondamentale, afin que des réseaux d’observateurs se créent et contribuent sur le long terme à la collecte de données sur les amphibiens du territoire du Parc. Le Parc organise également des journées techniques de formations et de démonstrations sur les chantiers réalisés ou en cours, ainsi que des chantiers participatifs. Des sessions de formations sur le groupe des Grenouilles vertes sont organisées. Les stagiaires sont initiés à la reconnaissance des espèces, basée sur de nombreux exemples concrets. Toutes ces actions ont pour but d’inciter et d’accompagner le plus grand nombre de professionnels et d’amateurs vers la connaissance de la batrachofaune normande et la conservation des réseaux de mares sur l’ensemble du territoire du Parc.

Observatoire des Milieux Humides et Aquatiques (dont suivis MHEO)

Depuis plus de 20 ans, la forte responsabilité du Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande en matière de milieux humides et aquatiques a orienté ses actions principalement sur ces milieux, en matière d’acquisition de connaissances, de gestion, de conseils, d’appui à maîtrise d’ouvrage, de portage ou co-portage de démarche de protection et de labellisation, etc. De nombreuses études ont été menées sur ces milieux et plus de 100 000 données faune, flore et habitats ont été recueillies. Pour connaitre l’état des milieux humides et aquatiques de son territoire, le Parc a initié la mise en place d’un observatoire des milieux humides et aquatiques afin de pouvoir suivre leur évolution dans le temps et mieux répondre à leurs objectifs de préservation.

Les actions du Parc

Le Parc s’est inscrit dans la démarche nationale MhéO (Milieux humides, évaluation, observation) qui vise à mutualiser et capitaliser les expériences menées sur différents bassins (bassin Rhône-Méditerranée avec le projet « RhoMéO » décliné sur le bassin Seine-Normandie avec « SeinO », et sur le bassin de la Loire avec « LigérO »). Porté par les Fédération des Conservatoires d’espaces Naturels, le projet MhéO constitue l’une des actions du Plan National pour les Milieux Humides (PNMH). Il a pour finalité le partage et l’harmonisation d’outils de suivi et d’évaluation des fonctions des milieux humides. Il vise la mise en place d’une boîte à outils nationale opérationnelle pour les gestionnaires d’espaces naturels et son intégration dans les dispositifs de politiques publiques en faveur des milieux humides, à différentes échelles. Cette boîte à outils nationale répond à deux objectifs : évaluer l’évolution de l’état des milieux humides, et évaluer les effets des actions écologiques sur ces milieux. Des suivis ont déjà été mis en place sur deux site gérés par le Parc : la Réserve Naturelle Nationale du Marais Vernier et l’ENS des marais de la Risle-Maritime.

L’évolution des cours d’eau

Les cours d’eau sont des milieux où transitent continuellement un volume d’eau et un volume de sédiments. Ces sédiments, provenant de l’érosion des berges et des différentes surfaces présentes sur le bassin versant de la rivière, permettent de diminuer l’énergie de la rivière. Selon ces paramètres, un équilibre s’établit invariablement entre l’érosion et le dépôt des sédiments. A l’échelle de quelques siècles, les rivières, fleuves, ruisseaux voient leur lit mineur se déplacer régulièrement dans le lit majeur grâce aux processus d’érosion et de dépôt. Les annexes fluviales, comme les bras morts, sont une des résultantes de cette mobilité et un témoignage de la présence de l’ancien lit de la rivière. De nombreux insectes aquatiques, poissons et certaines plantes ont besoin de transiter dans ces milieux aquatiques pour accomplir leur cycle biologique. C’est particulièrement le cas pour les espèces piscicoles qui ont besoin de migrer sur plusieurs kilomètres, voire milliers de kilomètres (anguille, saumon, etc.).

Les ouvrages et leurs impacts

Depuis des siècles, l’Homme modifie les milieux aquatiques pour les adapter à son usage. De nombreux ouvrages ont été construits en travers de cours d’eau pour différents usages : force motrice, alimentation, navigation, etc. Ces ouvrages ont conduit à augmenter le degré de fractionnement des milieux aquatiques. Les répercussions sont diverses :

  • Obstacle à l’écoulement de l’eau : en amont des ouvrages, l’augmentation artificielle de la profondeur de l’eau et la réduction de sa vitesse induisent son réchauffement et une diminution de sa teneur en oxygène ;
  • Obstacle au transit sédimentaire : les sédiments sont bloqués au niveau des ouvrages et s’accumulent en amont, modifiant le substrat en amont de ces ouvrages. Il en résulte une détérioration des habitats des insectes aquatiques, des poissons et des plantes ainsi qu’une diminution des capacités auto-épuratrices des cours d’eau ;
  • Obstacle aux déplacements des organismes vivants : ces ouvrages limitent voire empêchent la migration d’espèces vivantes. Les poissons sont les plus confrontés à cette problématique. Certaines espèces ont besoin de remonter le cours d’eau (truite de mer, saumon) pour se reproduire et coloniser le milieu. La dévalaison (descente du cours d’eau) est nécessaire également pour certaines espèces (anguille, juvéniles de salmonidés) qui subissent une mortalité par la présence de turbine, ou sont désorientées (absence de courant) dans les masses d’eau créées par l’ouvrage.

Restauration des Continuités Ecologiques

Lorsque les milieux aquatiques se dégradent trop, une Restauration des Continuités Ecologiques (RCE) est mise en place. Il s’agit de réattribuer la libre-circulation des poissons et des sédiments. A noter qu’à partir de vingt centimètres de hauteur, un obstacle apparaît infranchissable pour la plupart des espèces aquatiques, ce qui perturbe fortement leur reproduction. Pour parer à ces obstacles, il existe plusieurs aménagements possibles : la passe à poissons (utile pour la circulation des poissons mais sans effet pour le passage des cailloux), les rivières de contournement (efficaces pour les poissons, elles permettent également à une partie des sédiments de transiter), ou enfin, l’effacement total de l’obstacle qui serait la solution à privilégier si compatible avec les usages de la rivière. Pour plus d’informations, consulter cette vidéo de présentation sur la restauration des rivières :

Les actions du Parc

Sur le territoire du Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, il existe de nombreuses structures porteuses de projets de restauration de continuité écologique pour lesquelles le Parc intervient en tant qu’appui technique : le Syndicat Mixte de la Basse Vallée de la Risle sur la Risle au niveau de Pont-Audemer, et le Syndicat Mixte des Bassins Versants Caux Seine sur l’Ambion, Sainte-Gertrude et la Rançon. D’autres actions sur le plan écologique et paysager ont déjà été réalisées avec succès. La remise en fond de vallée de la Fontenelle sur la commune de Rives-En-Seine (Saint-Wandrille-Rançon) a permis de se soustraire à un ouvrage considéré comme infranchissable. Sur la Corbie à Toutainville, la Fédération Départementale de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a équipé le moulin de Rica d’une passe à poisson rustique. Dernièrement, le Syndicat Mixte de la Basse Vallée de la Risle a restauré la continuité écologique au niveau du barrage de la Madeleine à Pont-Audemer. Vidéo RCE Pont-Audemer :

Historique des réseaux hydrauliques

Historiquement, les fossés ont été créés par l’Homme afin d’abaisser les niveaux d’eau des terrains humides. Ils jouent ainsi un rôle hydraulique et socio-économique notamment en drainant les eaux de surfaces en période hivernale pour permettre un usage précoce des terres pour l’agriculture, mais également pour collecter les eaux pluviales afin de limiter les impacts des inondations. Bien que ces fossés de drainage constituent une source importante de dégradation pour les zones humides, les réseaux hydrauliques peuvent, sous réserve d’une gestion adaptée, constituer des milieux intéressants pour la biodiversité. Ces milieux aquatiques permanents ou temporaires ainsi que leurs végétations rivulaires (arbres et haies notamment) constituent des axes de circulation pour de nombreuses espèces. La gestion écologique de ces réseaux hydrauliques joue ainsi un rôle essentiel dans la préservation des continuités écologiques (trame verte et bleue) (lien trame verte et bleue ?) et de nombreuses espèces remarquables du territoire.

La biodiversité des réseaux hydrauliques

Sur le territoire du Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, les réseaux hydrauliques peuvent ainsi être essentiels à la biodiversité. Les roselières présentes le long des fossés constituent des abris potentiels pour de nombreuses espèces d’oiseaux comme le Râle d’eau ou la Rousserolle. Les arbres têtards, élément singulier du paysage de la vallée de Seine que l’on retrouve aux abords de nombreux fossés, offrent un habitat idéal pour des insectes comme le Pique-prune. Les réseaux hydrauliques qui constituent une continuité latérale de grands cours d’eau comme la Seine ou la Risle, forment des « couloirs de circulation » indispensables à la biologie des espèces piscicoles comme l’Anguille ou le Brochet. Cependant, l’aspect drainant des fossés constitue le principal facteur de dégradation des zones humides du territoire. De nombreux cours d’eau qui ne remplissaient plus leur fonction primaire ont ainsi été rectifiés ou cloisonnés. Il est donc important de rechercher un équilibre dans ces réseaux hydrauliques, afin de limiter leurs impacts et de retrouver un bon fonctionnement des écosystème humides de la plaine alluviale de la vallée de Seine.

Les actions du Parc

Le Parc mène depuis 2004 des études sur les réseaux hydrauliques (fossés et cours d’eau) de la basse vallée de la Seine. Relancés en 2018, ces inventaires consistent à réaliser un état des lieux précis des réseaux hydrauliques en répertoriant leurs caractéristiques (hauteur, largeur, pentes des berges, obstacles aux écoulements…), leurs usages actuels et d’identifier les enjeux (hydrauliques, écologiques et paysagers). Ce diagnostic apporte des éléments d’aide à la décision en vue d’une gestion durable des milieux humides et des réseaux hydrauliques associés par les différents acteurs concernés (collectivités, propriétaires riverains…). Les études présentent des préconisations de gestion concertée des réseaux hydrauliques intégrant les différents enjeux (écologique, hydraulique, socio-économique) afin d’améliorer le potentiel écologique de ces milieux tout en cherchant à assurer les besoins des différents usages. Ces études sont consultables dans chaque mairie des communes inventoriées ou auprès du Parc.

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