Milieux humides et aquatiques

Avec le cours inférieur de la Seine et son imposant lit majeur humide, le territoire du Parc possède un patrimoine en zones humides très diversifié et relativement conséquent qui couvre un quart de son territoire soit presque 10 fois la moyenne nationale. Il s’agit en outre de zones majeures en termes de biodiversité.

Les zones humides sont structurées par plusieurs types de milieux aquatiques : les milieux courants (les sources, les rivières, et le fleuve qui conditionnent la productivité des ressources piscicoles), les milieux stagnants (mares et plans d’eau), et les milieux terrestres humides dont les prairies.

La Seine et les rivières présentent des enjeux qui dépassent les limites du territoire du Parc. En effet, la Seine est un milieu estuarien riche avec des espèces spécifiques typiques comme l’éperlan ou la salicorne, et également un axe majeur de migration pour des espèces piscicoles amphihalines (leur cycle de vie alterne en le milieu marin et l’eau douce).

Dans les rivières, de nombreuses espèces d’eau douce sont aussi patrimoniales comme le brochet, l’écrevisse à pattes blanches ou le chabot. La bythinelle de Villequier, petit mollusque lié spécifiquement aux sources tufeuses, est même endémique du territoire. Ces espèces sont de très bons indicateurs de la fonctionnalité des milieux. Les fossés constituent également des milieux riches pour la biodiversité.

Hormis la Grand’Mare du marais Vernier, (l’un des seuls étangs naturels du bassin Seine-Normandie), les mares et les plans d’eau sont d’origine humaine. Les mares accueillent un grand nombre d’espèces floristiques et faunistiques (oiseaux, poissons, invertébrés aquatiques). Les amphibiens y sont très présents. On peut également trouver dans de petites flaques tourbeuses, laccornis oblongus, un coléoptère aquatique très rare. Quant aux étangs, ils abritent des espèces patrimoniales comme la lentille d’eau à trois lobes ou le Potamot crépu (plante aquatique). Au travers de la chaîne alimentaire, on y retrouve l’anodonte (grosse moule) et des poissons comme le brochet ou l’anguille.

La baisse des densités de mares et la destructions de zones humides sont la principale cause de disparition des amphibiens. Indispensables à l’équilibre des écosystèmes, ils sont tous protégés au niveau national. Ce sont des bioindicateurs, des « organismes sentinelles » qui réagissent précocement aux modifications de l’environnement. Depuis les années 1980, un tiers des espèces amphibiens sont menacés d’extinction dans le monde. La raison première : la perte de leurs milieux de vie ainsi que leurs sites de reproduction. À cela s’ajoute l’intensification agricole et l’utilisation des produits phytosanitaires, la fragmentation des habitats par l’extension des villes et la création de nouvelles routes, etc. Le territoire du Parc héberge encore 14 espèces qui se divisent en 4 grands groupes : la salamandre tachetée, les tritons (triton crêté, alpestre, ponctué, palmé), les grenouilles (grenouilles vertes, rousse, agile, rainette arboricole) et les crapauds (commun, calamite, accoucheur, pélodyte ponctué).

La salinité, le type de sol, la fréquence des inondations génèrent une grande diversité de prairies humides sur le territoire. Ce sont des zones qui jouent un rôle hydraulique important dans une région fortement soumise au risque d’inondation (zones d’expansion de crues : rôle d’éponge, de rétention). L’importance est telle qu’une législation spécifique s’y applique.

Dans le territoire du Parc, ces espaces à forte productivité biologique sont principalement gérés à des fins agricoles, et participent ainsi pleinement à la vie économique. Ils jouent aussi un rôle dans l’activité cynégétique en tant que zone de nourrissage des canards migrateurs.

Les milieux humides herbacés abritent un nombre considérable d’espèces. Dès la fin du mois d’avril, il est possible d’observer des libellules le long des zones en eau (fossés, rivières, mares…). Un très grand nombre d’espèces est protégé : arche rampante, rossolis à feuilles intermédiaires ou drosera, orchis des marais… Les oiseaux constituent un autre maillon de la faune des zones humides. Les invertébrés quant à eux fournissent un important contingent d’espèces avec des orthoptères caractéristiques comme le criquet ensanglanté ou des papillons comme le miroir. De minuscules escargots protégés au niveau européen comme les vertigos se rencontrent sur les formations herbacées humides les plus préservées. Quelques reptiles comme la couleuvre à collier, le lézard vivipare, constituent un fond herpétologique de ces espaces. On y rencontre également le rare peuplier noir dont les spécimens de la vallée de la Seine se détachent sur le plan génétique, des peuplements des autres régions.

Ces formations végétales sont caractéristiques des milieux humides à niveau d’eau et salinité variables. Bien que pauvres en espèces végétales autres que le roseau, elles jouent un rôle important au niveau de l’écosystème en piégeant les sédiments, en épurant les eaux, et en servant d’abri à une faune variée comme les mammifères, les oiseaux dont le butor étoilé, et les invertébrés (insectes, crustacés…).

La roselière saumâtre de l’estuaire, une des plus grandes de France avec près de 1000 ha, fait partie de la Réserve Naturelle Nationale. À ce titre, la maison de l’Estuaire veille à la production et au suivi de la coupe des roseaux utilisés pour les chaumiers afin de respecter son équilibre écologique. Pour en limiter son expansion, des parcelles ont été soumises au pâturage extensif par des chevaux de Camargue.

Presque toutes les espèces d’oiseaux sont migratrices. Schématiquement, la vallée de la Seine est située entre les zones d’hivernage sud européennes et africaines et les zones de reproduction d’Europe du nord. Ainsi, le territoire du Parc accueille de nombreux oiseaux tout au long de l’année. Au printemps, beaucoup d’oiseaux dont les célèbres cigognes viennent nicher dans la vallée de la Seine. C’est aussi le cas pour beaucoup d’autres espèces plus discrètes comme les rousserolles (fauvettes des marais) ou les hirondelles. À la mauvaise saison, les « nicheurs » se déplacent vers le sud et cèdent progressivement la place aux hivernants venant du nord. Les marais inondés sont occupés par de nombreux canards dont plusieurs milliers de sarcelles d’hiver. De nombreux limicoles (bécasseaux, chevaliers, courlis) se nourrissent sur les vasières de l’estuaire durant les migrations.

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